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Témoignage de Louis Navé

Mes parents ont choisi de m’inscrire à l’école Steiner et se sont intéressés à sa pédagogie par leur métier. L’approche anthroposophique de l’accompagnement et de l’accueil des nouveaux nés a tout particulièrement suscité leur curiosité. Tous deux exercent en effet dans le milieu médical, en tant que sage-femme et gynécologue.

J’ai donc été au jardin d’enfants de l’école puis en classe jusqu’à la 7ème année, avant de rejoindre le système classique de l’éducation nationale, à 14 ans. J’ai quitté l’école avant la fin du cycle pédagogique de 8 ans, qui se conclut par la préparation et la représentation d’une pièce de théâtre. J’éprouve aujourd’hui quelques regrets de ne pas avoir terminé ce cycle, ni préparé cette pièce de théâtre avec mes camarades.

J’ai notamment gardé en souvenir de ma scolarité à l’école Steiner le rythme des classes, leur variété et l’accompagnement au plus proche des élèves.

Notre scolarité, dans les « petites classes », se composait aussi bien de cours de mathématiques, d’histoire ou de géographie que de jardinage, de travaux manuels ou d’eurythmie. Je ne me souviens pas avoir vécu ces cours comme des contraintes, ni qu’ils aient été sources d’anxiété, notamment face à l’évaluation qui n’est pas sanctionnée par des notes à l’école Steiner. Ce fut plutôt un cadre de découvertes stimulant, bien qu’il ait supposé un apprentissage personnel et des devoirs.

Je me suis aperçu, surtout après avoir quitté l’école, que ces activités n’étaient pas uniquement ludiques comme je l’ai vécu à l’époque, mais permettaient de développer certaines compétences, de nourrir des aspects de notre personnalité. Le travail de jardinage nous encourageait ainsi à entretenir et cultiver une parcelle de terre, de laquelle nous étions responsables. Les travaux manuels, à travers la couture, le crochet, l’usage de la machine à coudre exigeaient des élèves une rigueur, une concentration dans l’exécution d’une tâche manuelle. Ceci aurait pu sembler bien étrange pour un élève du système d’éducation classique, mais je suis persuadé que la réalisation de ces travaux procurait la satisfaction d’avoir mené à bout un projet, d’avoir crée quelque chose. Idem pour l’eurythmie dont je garde, au-delà de sa fonction artistique ou pédagogique, le souvenir d’un exercice qui nous aidait à prendre conscience des mouvements de notre corps, ainsi qu’à apprendre à se positionner dans l’espace.

D’autres cours comme le travail du bois, où nous devions sculpter un bilboquet, un bateau, permettaient aux élèves de créer un objet qu’ils pouvaient ramener chez eux et dont ils pouvaient être fiers. Je suis persuadé que ces activités m’ont apporté quelque chose et m’ont aidé dans ma relation au travail, dans la persévérance face à une tâche et la satisfaction de l’avoir accompli jusqu’au bout.

C’est également ainsi que je me rappelle les cours de géographie ou d’histoire, où nous commencions par visualiser et retracer le chemin qui nous menait de l’école à la maison, avant de changer progressivement d’échelle, ou encore nous débutions l’histoire par la découverte de la mythologie arabe ou nordique. De même pour les mathématiques où les tables de multiplications s’apprenaient d’abord en utilisant des bâtonnets, de façon concrète avant d’aller vers une plus grande abstraction.

Cette volonté de suivre progressivement le développement des enfants me semble aujourd’hui très pertinente, alors que nous sommes confrontés de plus en plus jeunes à des informations et des événements que nous avons du mal à concevoir et à comprendre.

Le parcours de chaque élève au sein de l’école se déroule principalement dans une même classe, avec l’accompagnement d’un enseignant principal tout au long de la scolarité. Cela peut s’apparenter à un cocon qui doit bien sûr entourer et protéger les élèves dans leur développement, mais sans pour autant les couper du monde. La relation que nous avons nouée, entre élèves et avec nos enseignants, m’a semblée propice au développement de chacun, offrant un cadre d’apprentissage privilégié, fondé sur la confiance, la solidarité.

En particulier, j’ai ressenti l’importance de grandir avec l’ensemble de mes camarades de classe, sans que les forces ou les faiblesses de chacun, les inimitiés et les chamailleries normales de l’enfance ne soient un handicap, mais plutôt un apprentissage social progressivement intégré et apaisé.

 Je garde de nombreux amis proches qui sont d’anciens camarades de classe. Ils sont aujourd’hui artistes, artisans, employés ou encore chefs d’entreprise. Tous me semblent avoir choisi des parcours variés parce qu’ils y trouvaient un véritable intérêt, et parce qu’ils se sont fiés à leur curiosité et à leurs envies.

J’ai poursuivi des études après mon départ de l’école Steiner et l’obtention du baccalauréat scientifique. J’ai suivi une classe préparatoire littéraire aux grandes écoles à Strasbourg, avant de réussir le concours d’entrée à Sciences Po Strasbourg. J’ai effectué une année d’études à l’étranger, au Liban, avant de terminer mon diplôme par une année d’étude en droit de l’Union européenne.

Cet intérêt pour les affaires européennes m’a notamment conduit à effectuer un stage à la Cour de justice de l’Union européenne, à étudier au Collège d’Europe de Bruges, et à poursuivre, aujourd’hui, par un doctorat en droit de l’Union européenne à l’Université de Strasbourg.

Je garde personnellement de très bons souvenirs de ma scolarité à l’école Steiner. Il me semble que la pédagogie qui y est suivie permet d’apporter certaines compétences, de développer certains traits de caractère. Il ne s’agit pas nécessairement d’aider les personnes en décrochage dans le système classique, ou « différentes » comme on peut l’entendre parfois, mais de permettre aux élèves de développer un intérêt pour ce qui les entoure, pour suivre une voie qui les rend heureux et dans laquelle ils s’accomplissent, quelle qu’elle soit.

Louis Navé

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Témoignage de Jonas LISMONT

Ma scolarité de trois ans (10e, 11e et 12e) à l’École Mathias Grunewald m’a très certainement aidé à acquérir des « compétences humaines » comme l’autonomie, la créativité et la capacité à gérer les relations sociales qui me sont utiles aujourd’hui au niveau professionnel. En particulier, je peux me souvenir de l’importance de travaux et projets individuels ou collectifs qui ont joué un rôle à ce niveau : cahier de période, réalisation d’œuvres artistiques ou techniques dans divers matériaux, pièce de théâtre, voyage de classe, et évidemment, travail personnel de 12e classe. Ce dernier projet m’a énormément appris, car il a été l’occasion de me consacrer à fond à une discipline (la jonglerie) pendant toute une année. Cela m’a permis de prendre conscience de la capacité que nous avons tous à nous transformer et à développer une certaine compétence, dès lors que nous nous en donnons les moyens. Plus largement, l’intérêt réel et souvent enthousiaste des enseignants pour leur matière scolaire a sûrement contribué à me donner le goût d’apprendre.

Après quelques années passées dans la vie professionnelle, on réalise à quel point ces « compétences humaines » sont importantes pour faire face aux exigences du monde du travail. Pour ma part, elles viennent utilement compléter les compétences techniques et intellectuelles que j’ai pu acquérir lors de mes études à Sciences Po Paris et à l’Université libre de Berlin. En tant qu’attaché de presse à l’ambassade d’Éthiopie à Bruxelles, où je travaille depuis plusieurs années, je suis amené à réaliser une grande diversité de tâches et à interagir avec différents types d’interlocuteurs : journalistes, diplomates, hommes politiques, investisseurs, etc. Les « compétences humaines » se révèlent centrales pour tenter de mener à bien mes missions dans ce cadre. Par exemple, un communiqué de presse réussi ou la capacité de publier un article dans les médias repose principalement sur un sens du timing, sur la faculté à se saisir d’un sujet qui est “dans l’air du temps” à un moment précis. Ici, les sens de l’initiative, de la confiance en soi et de l’autonomie sont primordiaux. Les projets collectifs entrepris dans mon travail, eux, requièrent en particulier l’aptitude à gérer les relations sociales. En effet, sous la pression des échéances ou des attentes de la hiérarchie, la relation avec les collègues devient souvent un défi en soi et parfois même un obstacle pour la poursuite effective du travail. Les sens du compromis et du dialogue sont ici des prérequis pour avancer, et le fait de les avoir entraînés dès ma scolarité au travers de différents projets collectifs a été une préparation importante pour moi.

Le monde professionnel est bien plus coloré qu’on ne pourrait le croire, et une école colorée est une étape importante pour s’y préparer ! Un grand merci à l’équipe pédagogique de l’école Mathias Grunewald d’avoir contribué à éveiller mon désir d’apprendre et d’entreprendre.

Jonas LISMONT – Attaché de presse à l’ambassade d’Éthiopie à Bruxelles

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Témoignage de Clara Beaufrand

Mes parents m’ont inscrite au Jardin d’enfants de l’école pour mes trois ans.

De mes premières années d’école à la réalisation de la pièce « Incendies » de Wajdi Mouawad, je garde le souvenir encore très vif d’un peu plus d’une décennie d’un riche parcours scolaire, donnant autant d’importance aux matières artistiques que manuelles et cognitives, dans une intense vie de classe au sein d’une enthousiasmante vie d’école. J’y ai développé une grande curiosité pour le monde qui m’entoure, l’envie d’expérimenter, de me mettre en situation, de m’engager et d’agir. J’y ai surtout appris à apprendre, avec méthode.

Dans le cadre de mes études supérieures et aussi dans les activités notamment politiques dans lesquelles je suis aujourd’hui engagée, j’ai conscience du réel «plus» particulièrement en ce qui concerne l’aisance à l’oral et l’expression, mais aussi la persévérance et le goût du travail bien fait.

Je garde le souvenir inscrit en moi de tous les «événements scolaires» qui ponctuèrent chaque année comme pour marquer le temps, comme pour l’inscrire corporellement.

Ainsi, l’engagement exigé dans la mise en scène des pièces de théâtre en 8ième et en 12ième classe : le travail des gestes et de l’expression orale doit préparer l’élève à se retrouver devant un public. Je me souviens de l’investissement total que fut le mien et la fierté de pouvoir présenter mon travail devant un public.

Cette école m’a forgé un caractère pluridisciplinaire, « touche à tout ». Les nombreux stages permettent l’acquisition de nouvelles connaissances par l’expérience : stage de bucheronnage, stage à la ferme, stage en entreprise, stage social (effectué en Allemagne). À cela s’ajoutent de nombreuses sorties de classe. Je garde un merveilleux souvenir d’un voyage de classe dans le Val d’Aoste en Italie où j’avais alors effectué mon premier 3000m. Toutes ces activités de classe permettent  une ouverture sur le monde, sur la nature, mais aussi une ouverture à l’autre qui favorise le développement de l’entraide et de la solidarité entre les élèves dans le travail de classe où le travail de groupe était toujours privilégié.

La curiosité et l’intérêt pour les choses du monde mais aussi la conscience de responsabilité témoignent d’une envie de devenir acteur du monde. Il me semble que je dois à cette école mon goût de l’engagement.

Après l’école Steiner, je suis entrée en Terminale Littéraire. Très vite adaptée au système classique, j’ai obtenu mon baccalauréat littéraire spécialité Droit avec mention Très Bien. Admise à l’Institut Catholique de Paris en bi-licence Droit & Science Politique, j’y ai fait ma rentrée en septembre dernier. Ce cursus pluridisciplinaire demande beaucoup de travail personnel, de l’autonomie dans les études et un investissement très élevé. Tout cela j’ai pu le développer au sein de l’école qui m’a donné l’envie d’apprendre et de travailler.

J’ai conscience de la chance que j’ai eue d’avoir pu grandir et apprendre au sein de cette école. La pédagogie respectueuse du développement personnel de chaque enfant m’a permis de m’épanouir et de devenir pleinement celle que je suis aujourd’hui. Je pense que c’est là aussi ce qui fait la richesse de cette école que de permettre à l’enfant de s’éveiller à ce qui l’entoure, de forger un intérêt personnel pour telle ou telle chose et enfin de s’engager dans une voie, sa voie, dans laquelle il pourra alors pleinement s’accomplir. J’ai gardé contact avec mes professeurs et mes camarades et prends toujours beaucoup de plaisir à revenir à l’école en particulier à l’occasion des différents évènements ouverts au public.

Clara Beaufrand

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Le permis est déposé !

En Mai 2020, après de nombreuses années de travail, de réflexions, de nombreuses modifications, nous avons déposé le permis pour le projet de construction de l’École Mathias Grünewald.

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Nous en profitons pour remercier notre architecte Pierre Baumann pour tout le travail engagé !

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Le fonds de dotation ouvre l’école aux réseaux

Le fonds de dotation ouvre l’école aux réseaux en organisant différentes manifestations :

Une rencontre avec le Rotary Club, autour d’une soirée tartes flambées qui leur aura permis de découvrir l’école. Une soirée pour les remercier pour un don généreux en faveur d’un projet théâtral des élèves de 12e classe de l’école Steiner de Colmar. Un moment très convivial avec en entrée la chorale des grandes classes, suivie par des tartes flambées faites maison !

Découvrir le Rotary de Colmar

Une soirée autour d’Anne Sanders, députée Européenne et des réseaux de femmes entrepreneures, avec la participation des Femmes chefs d’entreprises, des Mampreneurs et des Divines. Un moment de partage féminin sur des sujets comme l’éducation, la culture et l’entreprenariat féminin.

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Retour sur 2019

En 2019 le fonds de dotation fait le buzz autour des 40 ans de la pédagogie Steiner-Waldorf en organisant de nombreux événements et notamment 2 conférences sur le thème de l’éducation et de la petite enfance, 2 projections de films sur l’écologie et deux concerts, dont un a rassemblé plus de 600 personnes !

Cette année nous a permis de récolter 45 000 € pour le projet de construction de l’école.

Si vous aussi vous voulez soutenir le fonds de dotation et ses initiatives, devenez mécène !

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